lundi 20 juin 2011

RENDEZ-VOUS PORTE 42

une histoire d'amour



Chapitre VII

- Mon nom complet est Paul Telher.
Anandita le regarda droit dans les yeux.
- Comme : "tell her" ?
- Oui.
Paul était venu la chercher un peu avant la fermeture du magasin. Elle ne l'avait pas vu depuis presqu'un mois. Elle avait été surprise de le voir. Ravie aussi. Ravie surtout.
- J'ai lu le livre que tu m'as offert.
- Et ?
- C'est assez spécial. Il y a des moments magnifiques. C'est très violent parfois.
- Don Winslow est un grand écrivain. Pour moi.
- Tu ne lis que des romans policiers ?
- Non. Je lis aussi des revues spécialisées sur le marché de l'art.
Paul l'avait invité dans un petit restaurant andalou du village, près de son bureau de Washington Square. Elle n'avait pas pu dire non, malgré sa promesse de rejoindre sa soeur pour l'aider à préparer une soirée d'anniversaire pour son nuyorican. Son téléphone portable n'arrêtait pas de vibrer au fond de sa poche. Harshada allait lui en vouloir. Terriblement.
La nuit était claire et fraîche. Anandita se serrait dans un long voile bleu ramené du Kerala par l'une de ses tantes.
- Vous avez froid ? demanda Paul.
- Un peu.
Ils marchaient doucement sur la cinquième avenue.
- Je vous appelle un taxi pour rentrer chez vous, si vous voulez.
- Je ne suis pas pressée, dit-elle.
Paul ôta sa veste et la déposa sur les épaules d'Anandita.
- Vous allez avoir froid.
- Ne vous inquiétez pas, je n'ai jamais froid.
- C'est pratique quand on habite New York.
- Surtout que je supporte également très bien la chaleur et ici, c'est aussi utile.
- Vous êtes né aux États-Unis ?
- Non, je suis né à Rome mais j'ai grandi ici. Ma mère est américaine et quand mes parents se sont séparés, elle est revenue vivre dans son pays. Avec moi.
- Et votre père est italien ?
- Non mais il était diplomate. En poste à Rome quand je suis arrivé...
Ils marchèrent ainsi plus d'une heure, devisant sur leurs origines respectives.
- Je suis née aux États-Unis, comme ma sœur et mon frère mais mes parents sont indiens. Ils ont dû fuir leur pays car ils étaient de castes différentes et là-bas ça peut être un risque mortel. et malgré cela, malgré ce qu'ils ont vécus, ils restent très traditionalistes dans leur comportement. Par exemple ils n'aiment pas si ma sœur ou moi on sort avec des non-indiens...
Paul sourit.
- Et ça arrive souvent ?
- Que je sorte avec des hommes qui ne sont pas d'origine indienne ?
- Hmm.
- En fait oui. A chaque fois.
- Imaginons par exemple que tu sortes avec un franco-américain , un peu plus âgé que toi mais au charme certain, que diraient tes parents ?
Anandita s'arrêta, se tourna vers Paul et dit :
- Ils ne seraient pas contents. Mais je m'en fous parce que... moi... j'adorerais ça !
Il se pencha vers elle et l'embrassa. Avec douceur et assurance. Elle ne le repoussa pas. Il n'avait pas pu s'en empêcher, pas cette fois. Elle était là en face de lui, lui parlant, lui souriant et lui ne pensait qu'à une seule chose : saisir ses lèvres. Il ne l'écoutait plus, ne lui souriait plus. Il l'embrassa furtivement puis plus longuement.