lundi 18 juillet 2011

RENDEZ-VOUS PORTE 42

une histoire d'amour



Chapitre IX


Anandita était en colère contre sa soeur. Comment avait-elle pu lui faire ça ?
- Je n'ai rien fait. Je ne l'ai même pas vu.
- Sauf que maintenant il veut savoir pourquoi tu es allée jusqu'à son bureau.
- Si je l'ai fait, c'est parce que je suis inquiète pour toi.
- Ça c'est mon rôle parce que la grande sœur, c'est moi...
- Je voulais juste le rencontrer ce type... comme toi tu as voulu rencontrer Luis...
Anandita se mit à sourire, de plus en plus.
- Pourquoi tu souris comme ça ?
- En fait je suis touchée que tu t'inquiètes, même si franchement il n'y a vraiment pas de quoi.
- Tu le revoies quand ?
- Je ne sais pas. Ce soir peut-être.
- En tout cas je veux être là quand tu le présenteras aux parents...
- On n'en est pas encore là. Et surtout tu ne dis rien, ni aux parents ni au frangin. Promis ?
- Promis.
Elle avait un message de Paul qui lui proposait de se retrouver devant le MOMA sur la 53ème en début d'après-midi. Elle lui répondit par texto qu'elle en avait très envie et passa les deux heures suivantes à essayer plusieurs tenues, aidée par Harshada dont les critiques impitoyables ne l'aidait pas beaucoup à choisir.
Elle arriva un peu en avance au rendez-vous mais Paul était déjà là. Il l'a pris dans ses bras et l'embrassa.
- Tu m'as manqué dit-il.
Elle leva les yeux vers lui et lui sourit.
- Tu veux aller au musée ? demanda t-elle.
- Il fait trop beau pour ça. Je pensais qu'on se baladerait...
- Comme tu veux.
Paul recula de deux pas et la regarda.
- Tu es magnifique.
- N'exagère pas quand même...
Ils passèrent l'après-midi à marcher dans les rues de Manhattan, chacun évoquant ses souvenirs d'enfance liés aux endroits de la ville qu'ils traversaient.
- Tu as fait toutes tes études à NYU ?
- Une petite partie. J'ai fait l'école du Louvre à Paris.
- J'aimerais beaucoup aller à Paris.
- J'aimerais beaucoup qu'on y aille ensemble.
Le soir tombait sur New York, l'estomac de Paul émit des gargouillis qui sonnaient l'heure de la faim.
- Moi aussi j'ai faim, dit Anandita.
- Alors je t'invite. A dîner. Chez moi. C'est moi qui fais la cuisine.

mardi 5 juillet 2011

RENDEZ-VOUS PORTE 42

une histoire d'amour



Chapitre VIII


- Alors, tu l'as mon tableau ?

Paul sourit à Gennaro Miccoli et s'assit en face de lui.

- Oui.

- Vraiment.

- C'est fait. Quelques papiers à fournir, assurance, douanes, etc. Je devrais le recevoir la semaine prochaine.

- Ti amo Paolo, ti amo.

Il se leva, se pencha vers Paul et le prit dans ses bras.

- Alors ça se fête !

Il leva un bras pour faire signe à l'un de ses serveurs qui revint moins d'une minute plus tard avec un seau à champagne dans lequel reposait une bouteille de Perrier Jouët.

- Le champagne, la seule chose que les Italiens peuvent envier aux Français.

Après le déjeuner avec Miccoli, Paul retourna à son bureau.

- Quelqu'un est venu pour vous voir tout à l'heure, lui dit Lynne.

- Je n'avais aucun rendez-vous prévu. Elle a laissé un mot ?

- C'était une jeune femme d'origine indienne, je dirai...

- Anandita. Elle s'appelle Anandita.

- Ce n'est pas le nom qu'elle m'a donné. Elle a dit s'appeler Harshada.

Paul passa l'après-midi à tenter de convaincre un collectionneur anglais de lui céder deux toiles de Rothko pour l'un de ses clients, mais le Guggenheim était aussi dans la partie et la perspective d'avoir une plaque dorée à son nom dans le musée new-yorkais tentait fortement l'Anglais. Même au prix de quelques millions.

Le soir, il dîna avec Armand qui lui reparla de sa volonté d'arrêter bientôt de travailler.

- Je crois que j'en ai assez fait.

- Je ne pourrai pas gérer seul toutes ces affaires, dit Paul.

- Lynne pourra être promue.

- Tu oublies qu'elle a d'autres projets.

- Son mariage ?

- Oui. Et son départ pour la Californie.

- C'est fini tout ça. Elle ne se marie plus. Le fiancé s'est fait larguer. Faut dire que c'était un vrai con.

- Ouais. Je n'avais encore jamais encore rencontré un type qui la première fois que tu le vois ne te parle que de la valeur des biens qu'il achète et des sommes qu'il gagne jour après jour. Et pourtant j'en fréquente des abrutis qui s'imaginent que leur argent fait d'eux des princes...

- Enfin bref, elle reste ici. Alors je me dis qu'elle serait parfaite pour me remplacer...

- Okay. Mais qui pour la remplacer elle ? demanda Paul.

- Tu as une idée ?

- Oui. Je connais une jeune femme qui mérite mieux que ce qu'elle fait en ce moment.

Paul rentra tard chez lui. Armand aimait écouter du jazz au Blue Note dans le Village. Comme ce soir-là, John Pizzarelli donnait l'un de ses concerts sinatresque, il l'accompagna. Entre les reprises du grand Frankie et les blagues qu'il aimait distiller, Pizzarelli les régala de son jeu rapide à la guitare et de sa voix d'un autre temps.